Intoxication par l’œnanthe safranée

= Navet du diable, fenouil d’eau, pensacre, œnanthe à suc jaune


Concernant les plantes toxiques, le site VegeTox est une bonne source d’informations


La plante : Oenanthe crocata L. (ombellifère), ou oenanthe safranée, pousse dans les fossés, les prairies humides et au bord des rivières, notamment dans l’ouest de la France. Sa tige est creuse avec une sève jaune à l’odeur de céleri. Les racines sont la partie la plus toxique et renferme un liquide jaune safran (1) à l’origine de la toxicité (2). Toute la plante est toxique. Les molécules toxiques sont des alcaloïdes : oenanthétoxine, responsable principal de la toxicité (isomère du principe toxique de la ciguë aquatique, avec action convulsive et hypotensive). Deux autres sont plus faiblement toxiques : l’eonanthétol et l’oenanthétone. La dessiccation diminue la toxicité mais elle reste présente.


Epidémiologie : Intoxication possible de toutes les espèces d’herbivores surtout les bovins via ingestion de la plante et notamment de ses racines. Ces dernières sont déterrées lors de fauchage de fossés ou lors du labour des champs. Plus fréquente en fin d’été surtout s’il est chaud et sec.


Doses toxiques : 1-1,25 g de racine fraîche/1 kg PV pour les bovins (2 g /kg pour les ovins) (2)


Signes cliniques : apparition en quelques minutes à quelques heures après ingestion. Les signes cliniques nerveux prédominent. Dans 10% des cas, une hyperthermie est présente (2).

  • Forme suraiguë : décès en quelques minutes sans signes cliniques.
  • Forme aiguë : la plus fréquente. Abattement marqué, phases d’agitation possibles, polypnée ou dyspnée, sialorrhée (problème déglutition) et trismus. Ataxie et chute, convulsions cloniques en crises de quelques secondes avec des phases de coma pouvant durer plusieurs dizaines de minutes (1). Diarrhée noirâtre et nauséabonde avec coliques (2) . Mortalité fréquente.
  • Evolution lente : survie possible, avec paralysie de la partie arrière du corps.

Diagnostic différentiel :

  • Autres causes de mort subite : fulguration, intoxication par l’if notamment
  • Autres intoxications responsables de signes nerveux et digestifs
  • Tétanos

Diagnostic expérimental : (1)

  • Lésions peu caractéristiques, avec œdème aigu du poumon, congestion cérébrale, pétéchies sur le myocarde et une gastro-entérite légère. A l’ouverture du rumen, un contenu sanguinolent et noirâtre peut être observé.
  • Les racines peuvent être retrouvées dans le rumen et analysées pour un diagnostic de certitude.
  • Les prises de sang et les échantillons d’urine ne permettent pas le diagnostic car le principe actif est en trop faible concentration.

Pronostic : sombre, si survie les séquelles neurologiques sont souvent très importantes.


 Traitement : symptomatique et éliminatoire, résultats inconstants.

  • Prise en charge des convulsions avec des barbituriques (pentobarbital sodique 20 mg/kg IV) ou de l’acépromazine (5-10mg/100kg) ou de la xylazine (1).
  • L’usage d’analeptiques cardio-respiratoires permet le soutien des grandes fonctions. Une ruminotomie en urgence peut permettre de retirer les tubercules.

Sources :

  1. Biot-Masson A-C, Rebelle-Hercberg B. L’intoxication par l’oenanthe chez les ruminants. Bull GTV Hors-sér Neuropathol Rumin 2003. 2003;
  2. Jouve C. Contribution à l’élaboration d’un site internet de toxicologie végétale chez les ruminants : monographies des principales plantes incriminées d’après les données du CNITV. Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon; 2009.

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