Paralysie par les tiques

Etiologie : tiques des espèces Dermacentor, Ixodes ou Haemaphysalis, présentant une neurotoxine dans la salive, à l’origine d’un paralysie ascendante des neurones moteurs inférieurs des bovins par inhibition de la libération d’acétylcholine au niveau des jonctions neuro-musculaires (1). Seules les femelles adultes peuvent déclencher une paralysie (2).


Epidémiologie : touche principalement les veaux (3), les jeunes bovins et plus rarement les adultes (4). Retrouvé principalement au printemps et en été, dans les forêts et près des buissons ou dans les pâtures infestées, lorsque le climat est chaud et humide, et aux moments où les populations de tiques sont les plus nombreuses (2), souvent 2 à 4 semaines après un changement de pâture (4).


Durée d’incubation : Après le 4ème ou 5ème jour de fixation des tiques, la toxine n’est émise dans la salive qu’après 3 jours de fixation et ne semble active que 48h plus tard environ (2).


Signes cliniques :

  • Aggravation progressive des signes cliniques, animaux présentant une ataxie évoluant vers une paraplégie puis un décubitus, pour finir en paralysie généralisée en 24h à quelques jours.
  • Diminution importante du tonus musculaire, avec une disparition ou une forte diminution des réflexes de retrait des membres et du réflexe palpébral (1) ainsi que du réflexe photomoteur et de clignement à la menace (5) les réflexes anal, périanal et de la queue sont diminués à absents, tout comme la proprioception (2).
  • La température reste normale, l’animal présente des vomissements et des régurgitations rendant la prise de nourriture et de boisson difficiles voire impossible, des difficultés à la préhension et à la mastication des aliments, une sialorrhée avec des dysphagies, des anomalies cardiaques possibles (arythmies, bradycardie ou tachycardie), des dyspnées avec une dépression respiratoire et une cyanose des muqueuses due à l’hypoxie en fin d’évolution (2).
  • Un opisthotonos et des convulsions sont possibles en fin d’évolution (5).
  • Mort par paralysie respiratoire en fin d’évolution (3).

Diagnostic différentiel : (2) (entre parenthèses, caractéristiques de l’autre maladie pouvant faire la différence avec la paralysie par les tiques)

  • Botulisme (diarrhées)
  • Tétanos (paralysie tonique généralisée ou localisée, hyperéflectivité et myoclonies, procidence de la membrane nictitante)
  • Hypocalcémie (hypothermie, stase ruminale, bouses sèches, rare chez les jeunes bovins (4))
  • Hypomagnésémie (tremblements, hyperesthésie, agitation, démarche hésitante, convulsions avec pédalage)
  • Ataxie progressive du charolais (évolution très longue, mouvements de tête anormaux, agressivité, tremblements, signes cliniques urinaires chez les femelles)
  • Myasthéna gravis congénitale ou acquise (auto-immune) (aggravation à l’effort, amélioration au repos)
  • Intoxication aux carbamates (antilimaces) (allure raide, trémulation des muscles, fasciculations)
  • Borréliose (maladie de Lyme) (sub-clinique, évolution chronique, hyperthermie, asthénie, signes d’arthrites)
  • Néosporose (avortements)
  • Toxoplasmose (problèmes de reproduction, broncho-pneumonies, problèmes digestifs et oculaires)
  • Hypodermose bovine (nodules cutanés, choc anaphylactiques possibles, retard de croissance)
  • Rage (sialorrhée, hydrophobie)
  • Myasthénie due à une morsure de serpent (recherche d’une trace de morsure)
  • Polyarthrite (hyperthermie, douleur localisée, inflammation des articulations touchées)
  • Carence en vitamine B12 (anémie, stéatose hépatique)
  • Intoxication aux organophosphorés

Diagnostic expérimental : mise en évidence de la présence de tiques sur les animaux, et identification des espèces (2).


Pronostic : Correct à bon si les traitements de soutien sont réalisés, même chez un animal en décubitus (1). En cas de dyspnée avec cyanose des muqueuses et coma, le pronostic devient sombre et la mort devient quasiment inévitable (2).


 Traitement : Symptomatique, retrait des tiques. Dans les 4h suivant le retrait des tiques, l’animal devrait déjà présenter une clinique améliorée, et une guérison est généralement observée dans les 12 à 72h (5).


Prévention : surveillance et retrait si observation de tiques sur les animaux (notamment régions axillaires, inguinales, entre les onglons et derrière les oreilles) (1). Utilisation d’acaricide en préventif (2).


Sources :

  1. Francoz D, Couture Y. Manuel de médecine des bovins. Med’com. 2014. 704 p.
  2. Durrey K. SYNDROME PARALYSIE DÛ AUX MORSURES DE TIQUES CHEZ LES RUMINANTS : ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE. ENVA; 2012.
  3. Blowey RW, Weaver AD. Guide pratique de médecine bovine. MED’COM. 2006. 229 p.
  4. Institut de l’Elevage. Maladies des bovins. 2008.
  5. Peek SF, Divers TJ. REBHUN’S DISEASES OF DAIRY CATTLE, THIRD EDITION. Elsevier; 2018. 849 p.

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