Intoxication par la grande ciguë

= ciguë tachetée, ciguë officinale, ciguë commune


Concernant les plantes toxiques, le site VegeTox est une bonne source d’informations


La plante : Conium maculatum (Ombellifère), retrouvée dans les lieux humides. La plante fraîche est entièrement toxique (la racine étant la partie la plus toxique (1)), et cette toxicité diminue après maturation des fruits et dessiccation de la plante. Elle contient 8 alcaloïdes pipéridiniques toxiques, dont la γ-conicéine et la coniine (= conicine) sont les majoritaires. Cette dernière est 8 fois plus concentrée que la γ-conicéine, et est responsable de la toxicité aiguë de la plante, avec une action dépressive du système nerveux central.


Epidémiologie : Intoxication plus fréquente au printemps, mais reste rare, notamment à cause de l’odeur désagréable émanant de la plante fraîche. Cette intoxication touche les bovins, les caprins, les porcs et les chevaux. Les moutons présentent une sensibilité bien plus faible.


Dose toxique : Pour un bovin adulte, la dose mortelle de plante fraîche est évaluée entre 2 et 5 kg.(2)


Durée d’incubation : Les premiers signes cliniques apparaissent 30 minutes à 1h après ingestion.


Signes cliniques :

  • Troubles nerveux avec des tremblements, une faiblesse musculaire (3), de l’ataxie, des convulsions et une paralysie musculaire ascendante, l’animal est en décubitus latéral.
  • Des troubles digestifs (sialorrhée, diarrhée verdâtre, météorisation…) ainsi qu’une dyspnée, une bradypnée et une mydriase peuvent être observés (2).
  • Une hypothermie est possible (3).
  • La mort de l’animal survient en quelques minutes à quelques heures après l’apparition des signes cliniques, par paralysie respiratoire.

Autres effets :

  • De plus, des effets tératogènes ont été décrit (malformations articulaires et fentes palatines en cas d’ingestion de doses non létales entre 40 et 75 jours de gestation (3)).
  • En cas de survie, des avortements sont possibles.
  • Les toxines peuvent passer dans le lait des animaux, qui ne doit surtout pas être consommé et doit être détruit.

Diagnostic différentiel :

  • Tétanos
  • Intoxications responsables de signes cliniques et nerveux
  • Les effets tératogènes doivent être différenciés de ceux causés par l’intoxication avec le lupin et le tabac (3).

Diagnostic expérimental : à l’autopsie, une congestion importante du tube digestif, du foie et des poumons est observée, avec un sang sombre. Aucune lésion caractéristique. Les urines de l’animal peuvent avoir l’odeur de la plante fraîche. La recherche de morceaux de la plante dans le rumen peut permettre d’établir un diagnostic post-mortem de certitude.


Pronostic : Réservé, même si les animaux sont moins sensibles que l’Homme.


 Traitement : Souvent illusoire. Une administration de charbon activé par voie orale est conseillée. Des analeptiques respiratoires peuvent être administrés par voie veineuse. Une ruminotomie d’urgence est recommandée (3).


Prévention : usage d’herbicides, rotation de pâtures. Si l’élevage possède des moutons, ceux-ci peuvent pâturer sur les zones où la grande ciguë est présente, leur sensibilité étant moindre.


Sources :

  1. Thomas HS. The cattle health handbook. Préventive care, Disease treatments & emergency procedures. Storey Publishing; 2009.
  2. Biot-Masson A-C, Rebelle-Hercberg B. L’intoxication par la grande ciguë chez les ruminants. 2003;Bulletin des GTV Hors-Série neuropathologie des ruminants 2003:197/202.
  3. Jouve C. Contribution à l’élaboration d’un site internet de toxicologie végétale chez les ruminants : monographies des principales plantes incriminées d’après les données du CNITV. Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon; 2009.

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